Chapitre 6

Dans le nouvel appartement, le jour suivant…

Simon, Laurent, Stéphanie et Lucy sont en train d’emménager. Il y a des cartons partout.

Dans le nouvel appartement, le soir venu…

Le nouvel appartement est maintenant bien rempli de meubles aussi extravagants que modernes. L’endroit grouille aussi de monde. C’est la crémaillère de Simon.

Dans la cuisine…

Simon et Lucy sont en train de préparer les amuse-gueules. Laurent entre dans la cuisine.

– Alors, ces amuse-gueules ? Ils sont prêts ?, demande Laurent.

Simon tend un plateau rempli à Laurent.

– Voilà, Maître, répond Simon.

– Biiien ! Il te reste des bouteilles de champagne ? Les autres boivent comme des poissons.

Simon ouvre le grand frigo. C’est rempli de bouteilles de champagne.

– Toi, au moins, tu sais t’occuper de tes invités, continue Laurent.

Au salon…

Laurent arrive avec le plateau. Les invités poussent un « AH ! » de satisfaction.

– Voilà, les jeunes. Régalez-vous.

Aussitôt, tout le monde se rue vers Laurent. En trois secondes, le plateau est vide.

– C’est pas vrai. Mais on ne les nourrit pas ou quoi ?, s’exclame Laurent.

Simon et Lucy arrivent avec une bouteille de champagne dans chaque main.

Marc, un collègue, vient les accoster.

– Superbe, ta soirée.

– Merci.

Simon lui tend une bouteille.

– Tiens, continue Simon. Rends-toi utile.

Marc attrape la bouteille.

– Simon, regarde !, appelle Arthur, un autre collègue.

Simon se tourne vers…

Le coin de la TV…

Des invités sont face à une énorme TV à écran plat. On passe les infos. Arthur fait signe à Simon de les rejoindre.

– Qu’est-ce qu’il y a ?, demande Simon.

– Vise un peu ça, répond Arthur en pointant vers la TV.

L’écran affiche la photo d’un homme d’une cinquantaine d’années.

– D’après la police, dit la voix du journaliste, la victime se serait suicidée après avoir découvert qu’il avait perdu le ticket gagnant de l’Euro Million.

Arthur se tourne vers Simon.

– Tu as de la chance. Tu aurais pu être obligé de partager tes gains avec lui.

– C’est bizarre, dit Simon. J’ai l’impression que je l’ai déjà vu quelque part.

– Mets la deuxième chaîne, dit Marc. Le match va commencer.

Arthur s’exécute. Le match vient juste de commencer.

Tout le monde fait un grand « Ah ! » de satisfaction.

Lucy arrive.

– Qu’est-ce qu’il y a ?, demande-t-elle.

– Rien, répond Simon. Juste un fait divers.

Laurent arrive.

– Simon. Il nous faut plus d’amuse-gueules.

– Encore? Mais on ne les nourrit pas ou quoi ? De toute façon, la bouffe est bientôt prête.

– T’as payé combien pour le traiteur ?

– Crois-moi, tu ne veux pas le savoir.

À l’entrée de l’appartement, plus tard dans la nuit…

Les invités sont maintenant rentrés chez eux.

Laurent est complètement bourré. Il peine à tenir debout. Heureusement que Stéphanie est là pour le soutenir. Simon tient la porte.

– Merci, Stéphanie, de raccompagner Laurent.

– Il n’y a pas de quoi, Mr Leukis.

– Simon.

– Pas de quoi, Simon. C’est le prix à payer lorsqu’on ne boit pas d’alcool.

– Elle était trop cool ta soirée, Simone, s’exclame Laurent.

– Simon.

– C’est ça. Et, chui vachement content pour toi. Pour tout ce qui t’arrive. Faut dire que t’as un de ces culs, mon pote. En fait, t’as le plus gros cul que j’ai jamais vu. Un cul si énoorme que…

– OK, c’est bon. Il est temps d’aller dormir.

– Très bien. Allons dormir ensemble, Stéphanie.

– Non, répond Stéphanie. Vous allez dormir seul. Je me contente de vous raccompagner. Bonne soirée, Simon.

– Bonne nuit, Stéphanie. Et, merci d’être venue. Bonne nuit, Laurent. Et ne vomis pas dans la voiture, OK ?

Simon ferme la porte.

« Merci de me raccompagner, alors. Je vous marierais si vous n’étiez pas mariée. » peut entendre Simon. « Je ne suis pas mariée ! » s’exclame ensuite Stéphanie. Simon éclate de rire en secouant sa tête.

Au salon…

Simon rejoint Lucy, qui est assise sur le divan. Le jeune couple s’échange un sourire.

– C’était une très belle soirée, dit Lucy.

– Oui, une très belle soirée. Merci de m’aider à emménager. Ainsi qu’à préparer la crémaillère.

– De rien.

Lucy et Simon se regardent silencieusement.

– Tu veux boire un café, ou que je te raccompagne, ou…

Lucy s’approche doucement et embrasse Simon.

Dans la chambre à coucher…

Lucy et Simon s’embrassent passionnément. Ils commencent à se déshabiller. Au fur et à mesure que le couple s’approche du lit, un vêtement tombe sur le sol. Si bien que lorsque Simon et Lucy sont sur le lit, la jeune femme n’a plus qu’un soutien-gorge et un joli string noir. Simon n’a plus que son caleçon « Caliméro ».

Lucy grimpe sur Simon. Lucy embrasse amoureusement Simon. Puis, elle se redresse. Elle commence à enlever son soutien-gorge. Simon est plus que satisfait par ce qu’il voit.

Soudain, son expression se change. Simon ne voit pas Lucy sur lui, mais… Esméralda!

– Quelque chose ne va pas ?, demande Esméralda.

Simon est sans voix.

– Quelque chose ne va pas ?

Esméralda a disparu pour laisser place à Lucy. Simon est un peu confus.

– Non, tout va bien.

Lucy sourit de nouveau. Elle a enlevé son soutien-gorge. Elle embrasse de nouveau Simon. Les embrassades deviennent de plus en plus ardentes. Simon interrompt le jeu érotique en poussant Lucy sur le côté. Il se met aussitôt au dessus d’elle. Le couple s’échange un rire complice, puis… Le visage de Simon se change de nouveau.

Simon n’est plus sur Lucy mais sur Esméralda.

– Qu’est-ce qu’il y a ?, demande Lucy.

Esméralda a de nouveau disparu. Lucy est de retour. Et elle commence sérieusement à s’inquiéter.

Simon se met de côté.

– Excuse-moi. Je ne sais pas ce qui m’arrive.

Lucy vient prendre Simon dans ses bras.

– Ce n’est pas grave. Ce genre de problème arrive de temps en temps.

Simon reste pensif, puis…

– Quel genre de problème?, demande-t-il.

– D’érection.

Simon reste un moment silencieux. Ne sachant quoi répondre.

Chapitre 5

Dans l’appartement de Simon, le soir venu…

Simon entre dans l’appartement. Il met en marche le répondeur. Des messages se font entendre, mais Simon ne les écoute pas. Simon se dirige vers…

La cuisine…

Simon ouvre le frigo. Pratiquement vide. Il attrape la dernière canette de bière, qui reste. Sort de la cuisine pour…

Le salon…

Simon ouvre les Pages Jaunes. Il s’arrête sur une page dans la section restauration rapide. Attrape le téléphone. Compose le numéro. Simon prend une gorgée de bière.

– Oui. One Minute Pizza? Ce sera un Pepperoni. Avec extra sauce piquante et extra olive. Au nom de Simon Leukis. Au 13 rue Moulin. Merci.

Dés que Simon raccroche, il entend quelqu’un sonner à la porte.

À l’entrée de l’appartement…

Simon vient ouvrir la porte. C’est le livreur de pizza.

– Wow. Vous êtes rapide, s’exclame Simon.

– Oui, c’est pour ça qu’on s’appelle « One Minute Pizza ».

Simon sort son portefeuille.

– Je vous dois combien ?

– En fait, c’est gratuit pour vous, M’sieur.

– Vraiment ? Bah… Comment ça se fait ?

– Vous êtes notre 50 000e client sur tout notre réseau de franchises. Donc, vous être l’heureux gagnant d’une pizza gratuite. Et…

Le livreur sort une brochure.

– Vous avez cinquante pour cent de réduction sur les prochaines commandes jusqu’à la fin du mois.

Simon prend la pizza, ainsi que le bon de réduction.

– Merci. C’est gentil.

– De rien, M’sieur. Au revoir.

Le livreur s’en va. Simon ferme la porte, puis s’arrête. Il cogite un court instant. Puis sourit en sortant un morceau de pizza.

Lorsqu’un bruit de voiture qui dérape se fait entendre. Tout de suite suivi par un son sourd. Des gens qui se disputent.

Simon se précipite vers la fenêtre pour voir ce qui se passe…

Dans la rue…

Le livreur de “One Minute Pizza” est en train de se livrer à une joute verbale avec un automobiliste. Le livreur ramasse sa mobylette, qui est couchée en face de la voiture de l’automobiliste.

Les deux hommes s’échangent des mots exotiques pendant quelques secondes avant d’être sépararés par des passants.

Le livreur boite un peu. Il met sa mobylette abîmée sur le côté de la rue. Pendant que l’automobiliste disparaît dans la circulation.

Au salon…

Simon s’assoit sur le divan pour manger sa pizza tout en regardant la TV.

Paris, le lendemain matin…

Le jour se lève doucement sur la capitale.

Dans la New Beatle…

Simon a les deux mains sur le volant. Il regarde droit devant lui. Il se concentre comme si sa vie en dépendait. Il prend une grande inspiration, puis… Il démarre.

Au feu rouge…

Le feu vient de passer au rouge. La New Beatle de Simon ralentit. Lorsque la voiture s’apprête à s’arrêter au feu, il passe aussitôt au vert !

Simon est légèrement étonné. Il continue son chemin.

À un autre feu rouge…

Le feu est rouge. La New Beatle s’approche du feu. Et il passe aussitôt au vert !

Dans la New Beatle…

Simon est agréablement surpris.

– Qu’est-ce que…?

Simon réfléchit un instant, puis s’élance sans s’arrêter.

Dans la rue…

Une longue rue droite avec plusieurs feux rouges. À chaque fois que la New Beatle s’approche du feu, le feu rouge se change en feu vert. Tous les feux changent au vert pour Simon.

Dans la New Beatle…

Simon éclate de rire.

– J’y crois pas, ça. J’y crois pas !

Au bureau de la secrétaire…

Simon se dirige vers Stéphanie. Il affiche un grand sourire au visage.

– Bonjour, Stéphanie. Belle journée, n’est-ce pas ?

– Bonjour, Mr Leukis. Comment allez-vous ?

– Très bien, Stéphanie. À partir d’aujourd’hui, je crois que tout va aller très, très bien. Pouvez-vous me donner la liste des prospects de mon secteur, SVP.

– Bien sûr, Mr…

– Je vous remercie, Stéphanie, interrompt Simon. Qu’est-ce que je ferrais sans vous ? Est-ce que je vous ai dit que je vous marierais si vous n’étiez pas mariée ?

– Vous me le dites tous les jours, Mr. Leukis. Mais, je ne suis pas…

Simon disparaît dans son bureau.

– … Mariée.

Dans le bureau de Simon…

Simon s’installe. Il prend un petit cadre. À la place d’une photo, il y a un miroir. Simon se fixe dans le miroir.

– Tu es un Winner. Tu es un WINNER !

Stéphanie entre dans le bureau. Simon cache tout de suite le miroir. Stéphanie devine ce que Simon était en train de faire. Elle esquisse un sourire.

– Voici la liste que vous avez demandée, Mr. Leukis.

– Stéphanie, j’ai pris une grande décision, ce matin.

Simon pause un court instant.

– Cela fait combien de temps que nous travaillons ensemble?, continue-t-il.

Stéphanie n’hésite pas une seconde.

– Trois ans, cinq mois et douze jours, Mr Leukis.

– C’est bien ce qu’il me semblait. Et, jusqu’à présent, tout s’est bien passé entre nous, n’est-ce pas?

– Oui.

– Vous êtes très attentive à mes besoins, et je suis très attentif à vos besoins.

– Oui.

– Je pense que nous formons une équipe soudée. Une équipe formidable, en fait.

– Oui.

– Et, je pense qu’il est grand temps de passer à un niveau supérieur.

Stéphanie retient son souffle.

– Oh, Mr. Leukis.

– Stéphanie.

– Oui ?

– Je pense qu’à partir de maintenant, il est temps que…

Stéphanie est pendue aux lèvres de Simon. Elle ne respire plus.

– Il est temps que vous cessiez de m’appeler « Mr. Leukis », continue-t-il. Et tout simplement m’appeler « Simon ».

Le monde vient de s’écrouler autour de Stéphanie. Elle essaie tant bien que mal de se contenir. Elle reste bouche bée pendant un court instant. Puis…

– Bien sûr… Simon. Ce sera avec plaisir, SIMON!

Stéphanie laisse tomber le dossier sur le bureau. Elle disparaît en claquant la porte.

Simon entend soudainement un cri.

– Je savais bien que cela lui ferrait plaisir, dit-il en souriant.

Simon ouvre le dossier. Il parcourt rapidement la liste de noms. Puis, un grand sourire se lit sur son visage. Il ferme les yeux et… pointe sur un nom au hasard, Dupont & Dupont Industrie.

Dans la salle de conférence de Dupont & Dupont Industrie, le jour suivant…

Une grande salle de conférence très moderne. Simon est debout face à des exécutifs, assis, silencieux. À côté de Simon, se trouve un ordinateur portable connecté à un écran géant. Dessus, on peut voir différents diagrammes.

– Comme vous pouvez le voir, finit Simon. Notre système garantit une plus grande sécurité du réseau et une aisance d’utilisation, de production et de maintenance inégalée sur le marché.

– Et… concernant le prix ?, demande un des exécutifs.

– C’est effectivement un facteur important dans les transactions de cette envergure. Je vous rassure tout de suite…

Simon tapote sur le clavier de son ordinateur. Un tableau avec une série de nombres s’affiche sur l’écran géant.

– Notre enseigne, continue-t-il, est très fière de pouvoir s’aligner avec les concurrents. Nous vous offrons aussi un mode de paiement sans frais et parfaitement adapté à vos besoins. De plus, si vous prenez une décision dès à présent, j’ai reçu l’autorité pour vous offrir ceci.

Simon sort une enveloppe de la poche intérieure de son veston. Il la tend aux exécutifs.

Chacun regarde le content de son enveloppe. Leurs yeux sont grands ouverts.

Un sourire peut se lire sur leur visage. Ils se regardent en hochant la tête en signe d’approbation.

Simon leur tend le contrat. Et avec un grand sourire…

– Je pense que nous avons un accord.

Devant le bâtiment de Dupont & Dupont Industrie…

Simon sort fièrement du building. Un sourire d’un million d’euros se lit sur son visage. Il saute dans sa voiture.

Sur la route…

La New Beatle passe à travers tous les feux rouges, qui se tournent aussitôt au vert à son passage.

Simon ne fait pas attention aux bruits de frein et de crissements de pneus des voitures qui se percutent.

Au bureau de Simon…

Simon passe plusieurs coups de file.

Au bureau des clients…

Simon fait une présentation devant des clients.

Peu de temps après…

Les clients signent des contrats. Simon leur sert la main.

Au bureau de Simon…

Simon se balade comme le maître des lieux. Tout le monde l’applaudit. Mr. Hong le félicite. Laurent ouvre une bouteille de champagne. Tout le monde boit une coupe à l’honneur de Simon.

Simon remarque James avec un carton à la main. Le regard défaitiste, James quitte les lieux dans l’ignorance totale de ses collègues. Simon oublie rapidement James et se concentre sur ses collègues.

Sur la route…

La New Beatle de Simon se faufile dans le trafic.

Dans la New Beatle…

Simon place une oreillette, et compose un numéro sur son portable.

– Allô, Esméralda?

– Ah, Tigrou. Comment tu vas ? Qu’est-ce que tu deviens ?

– Écoute, j’ai une chose incroyable à te raconter. Tu as cinq minutes ?

Dans la loge des acteurs, au studio de tournage, à Baden-Baden, en Allemagne…

Esméralda est assise en face d’un miroir. Elle est habillée d’une tenue en cuir mettant en valeur les atouts de son corps. Un coiffeur est en train de s’occuper de ses cheveux.

Esméralda a un portable collé à son oreille.

– Bien sûr, Tigrou. Ils sont en train de préparer le plan suivant. Et vu qu’il y aura une explosion, ça prendra quelque temps avant qu’on nous appelle.

– Wow. C’est assez excitant.

– Oh, tu n’as pas idée. Je m’amuse comme une petite folle. C’est aujourd’hui que j’arrête le méchant. Il va y avoir une scène de combat. Et, je vais lui en faire voir de toutes les couleurs. Je me suis entraînée pendant des semaines pour ce combat. Tu verrais les bleus que j’ai eu. Heureusement que la maquilleuse fait du bon travail. Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ?

Dans la New Beatle…

– Tu te souviens du sort que tu m’as jeté ? Et bien, ce truc-là fonctionne vraiment !

– Ah, tu vois qu’il ne fallait pas perdre espoir.

– C’est incroyable. En moins d’une semaine, j’ai signé plus de contrats que ces deux dernières années. Je suis l’employé le plus rentable de la branche française. Et, si ça continue comme ça, je serais le premier vendeur de la compagnie toutes branches confondues. Hong veut me faire manager. J’aurai une cinquantaine de commerciaux à ma charge.

– Et bien, qu’est-ce que tu attends, Tigrou ? Fais-leur voir de toutes les couleurs.

– Je n’aurais jamais pu le faire sans toi, Esmie. Je te remercie.

– Ça sert à ça les amis.

– Tu es plus qu’une amie, Esmie.

Simon aperçoit quelque chose devant lui.

– Écoute, il y a un truc que je veux tester. Je te rappelle, OK?

– OK. Tu prends soin de toi. Et tu ne fais pas de bêtises.

– Avec ma nouvelle chance, aucune chance!

Sur le côté de la route…

Une BMW noire sort du parking. Juste au moment où Simon arrive et se gare à cette place. Simon observe le bâtiment en face de lui: un bar-tabac avec l’insigne de la Française des Jeux accroché dessus.

Dans le bar-tabac…

Mr. Henri, la cinquantaine, vient déposer un billet d’Euro Million sur le comptoir. Lucy, 24 ans, une séduisante jeune femme, est la caissière.

– Bonjour, Mr. Henri. Comment allez-vous aujourd’hui ?

– Comment ne pas aller bien lorsqu’on est en présence d’un visage aussi radieux.

– Oh, Mr. Henri. Il faut arrêter de me séduire de cette façon. Je vais vraiment finir par succomber !

Lucy et Mr. Henry échange un sourire joueur. Mr. Henry tend son billet de l’Euro Million.

– Toujours les mêmes numéros, Mr. Henri ?

– Toujours les mêmes.

Lucy enregistre le billet.

– Voilà. Cela ferra dix euros. Et, bonne chance.

– Merci, Lucy.

Henri se dirige vers la sortie. Il commence à mettre le billet dans sa poche, lorsque Simon entre dans le tabac. Simon vient bousculer légèrement Henri.

– Excusez-moi, Monsieur.

– Ce n’est pas grave.

Simon tient la porte pour laisser sortir Henri. Simon se dirige vers Lucy. Cette dernière est en train de s’occuper de l’étagère.

– Excusez-moi.

Lucy se retourne. Elle est agréablement surprise par ce qu’elle voit.

– Bonjour, Monsieur.

– Bonjour, je voudrais faire un Euro Million.

– Un Flash ?

– Un Flash.

– Combien de grilles ?

– Une seule devrait suffire.

Lucy donne le billet à Simon.

– Cela ferra deux euros.

Simon glisse une pièce de deux euros sur le comptoir. Lucy prend la pièce, mais elle s’arrange pour venir caresser le doigt de Simon. Ce dernier s’en aperçoit aussitôt.

– Vous désirez faire une autre opération ?, continue-t-elle.

– Ce sera tout.

Légère déception sur le visage de Lucy. Simon commence à s’en aller, puis se retourne.

– À vrai dire, continue-t-il. J’aurais besoin d’autre chose.

– Oui ?

Simon revient vers Lucy.

– Vous avez un numéro de téléphone ?

Lucy rougit légèrement.

– Oui, mai je ne le donne pas aux inconnus, affirme-t-elle, peu convaincante.

Simon tend sa main.

– OK, je m’appelle Simon. Et vous ?

– Lucy.

Simon serre la main à la jeune femme.

– Je peux avoir votre numéro, maintenant ?

Lucy sourit. Elle attrape un morceau de papier. Inscrit rapidement quelque chose. Et le tend à Simon.

– Peut-être, dit-elle, joueuse.

Au moment où Simon prend le papier, le bruit d’un verre qui se brise se fait entendre.

Lucy et Simon se tournent vers le…

Au côté-bar…

Un client tient sa main droite. Une petite ligne de sang coule de la paume de sa main. Sur le comptoir, il y a des morceaux de verre brisés. Le barman tend une serviette au client.

– Ben alors, René. Tu ne sais plus comment tenir un verre ?, dit-il, joueur.

Les autres clients éclatent de rire.

Au côté-tabac…

Simon range le bout de papier dans sa veste.

– Merci, Lucy.

Simon s’en va.

Au salon, dans l’appartement de Simon, le soir venu…

Simon s’installe confortablement sur le divan. Il pose une assiette de ravioli et une bière sur la petite table. Il allume la TV au moment où l’Euro Million passe. Simon attrape rapidement son ticket.

– Les numéros sont : 10, 13, 12, 15, 18, annonce la présentatrice TV. Et les deux étoiles sont: 1 et 9. Voyons maintenant, s’il y a un heureux gagnant, qui va partir avec la super cagnotte de quarante-six millions d’euros.

La présentatrice regarde un grand écran avec plusieurs pays de l’Europe. Une étoile clignote sur la carte de France, au niveau de Paris.

– Félicitations au Parisien ou à la Parisienne, qui remporte la superbe cagnotte de, je vous le rappelle, quarante-six millions d’euros.

Simon compare les numéros avec son billet. Mais, Simon réalise que les résultats de l’Euro Millions ne correspondent pas avec son billet. Simon reste perplexe.

Le portable se met à sonner.

Simon regarde autour de lui, mais ne trouve pas son portable. Le son vient de la grande table derrière lui, où sa veste y est accrochée. Simon se précipite pour sortir le portable de sa veste. Simon trouve le portable dans la poche extérieure. Un morceau de papier tombe de la veste. Simon est au téléphone, mais il n’y a pas de correspondant.

Simon remarque le papier sur le sol. Il le ramasse. Il découvre que c’est un autre billet d’Euro Million.

Simon attrape rapidement un stylo et vient noter les résultats sur un magazine. Il compare les numéros avec ceux du nouveau billet. Il découvre avec stupeur qu’une grille du billet correspond parfaitement au résultat. Simon explose de joie en sautant dans tous les sens.

Chez le concessionnaire auto, le lendemain…

Simon serre la main du vendeur, qui lui tend des clefs. Tous les deux se tournent vers une superbe Jaguar XJ220.

Dans un grand appartement vide, un autre jour…

C’est un grand appartement dans un quartier chic de Paris. La conseillère en immobilier présente les différentes pièces de l’appartement. Simon hoche positivement de la tête. Il serre la main de la conseillère.

Dans le bureau de Hong, un autre jour…

Simon entre fièrement dans le bureau. Il tend une enveloppe à Hong.

– Qu’est-ce que c’est ?, demande Hong.

– Ma lettre de démission, annonce Simon avec un sourire satisfait.

Hong commence de dire quelque chose, mais Simon est déjà parti.

Chapitre 4

Devant l’appartement d’Esméralda, le lendemain matin…

Des engins de démolitions sont stationnés dans le quartier.

Dans l’appartement d’Esméralda…

– Je n’arrive pas à croire à ce qui t’est arrivé, s’exclame Esméralda.

– Je sais pas, répond Simon. J’ai l’impression qu’il y a quelqu’un dans cet univers, qui prend un malin plaisir à me faire souffrir. C’est simple, je suis comme un aimant, qui attire les emmerdes.

Esméralda esquisse un sourire. Simon joue encore les pessimistes.

Simon et Esméralda sont assis par terre au centre du salon. L’appartement est vide de décoration. Il n’y a que des boîtes et cartons empilés les uns sur les autres. Une scène typique d’un déménagement.

Un paquet de livres d’ésotérisme est posé sur le sol : sur l’hypnose, la magie blanche, la sorcellerie Wicca. Il y a aussi plusieurs livres sur le cinéma et des scénarios de films.

Simon range les livres dans une caisse. Esméralda, une très jolie brunette, s’occupe d’une petite boîte remplie de flacons.

– Passe-moi la petite fiole, S.T.P., demande Esméralda.

Simon cherche autour de lui.

– À côté des scénarios.

– Ah, OK.

Simon jette un coup d’oeil sur l’inscription collée à la fiole. Mais il n’arrive pas à le déchiffrer.

– Qu’est-ce que c’est ?, demande-t-il.

– C’est un filtre magique pour avoir de l’inspiration.

– Ah, OK, dit-il en lui tendant la fiole. Et ça marche ?

– Bien sûr !

Esméralda enrobe la fiole d’un papier journal.

– De quoi on parlait ?, demande-t-elle.

– Ben, qu’il existe dans ce monde deux catégories de gens. Les « bénis » et les « pas bénis ». Moi, je suis largement dans les « pas bénis ». Je dois être le gars le plus « pas béni » de la planète. Il n’y a pas plus « pas béni » que moi, quoi.

Esméralda éclate de rire.

– Tu es un peu trop pessimiste, je crois. Tu sais. Le Karma est une énergie universelle. Nous sommes tous nés avec la même « quantité » de Karma. Ce sont nos actions qui vont plus ou moins transformer notre Karma en bon Karma ou en mauvais Karma.

Simon la fixe silencieusement. Puis…

– Je n’ai pas la moindre idée de ce que tu viens de me dire.

Esméralda comprend qu’elle doit être plus claire. Elle pose délicatement la fiole dans la boîte.

– Nous les sorcières Wicca, nous croyons à la force du Karma. Ce Karma peut-être bénéfique ou maléfique. Lorsqu’un individu fait une bonne action, alors il va attirer du bon Karma. Il va lui arriver de bonnes choses. Lorsqu’il fait une mauvaise action, il va attirer du mauvais Karma. Et il va lui arriver des mauvaises choses.

Simon réfléchit sur ce que son amie vient de dire.

– Donc, d’après ce que tu viens de dire, je dois être le pire des salauds pour m’attirer autant de mauvais Karma. C’est ça?

– Non, dit-elle d’un air gêné. Je pense que tu as une certaine… Prédisposition naturelle à croiser le chemin de la sphère du mauvais Karma.

– En Français, je suis un cas désespéré, soupire Simon.

– Non, « désespéré » serait un grand mot.

Puis quelque chose vient à l’esprit d’Esméralda.

– Mais, j’y pense. Je peux peut-être t’aider, continue-t-elle.

Esméralda se lève et disparaît dans sa chambre. Simon ne sait pas quoi penser. Généralement, quand Esméralda a quelque chose en tête, ce n’est jamais une bonne chose… pour lui.

Esméralda revient quelques secondes plus tard avec un gros grimoire à la main.

– Qu’est-ce que c’est ?, demande Simon.

Esméralda ne répond pas. Elle vient s’asseoir à côté de Simon, ouvre le grimoire et tourne frénétiquement les pages.

– Esméralda, qu’est-ce que tu…

– J’ai trouvé !, s’écrit Esméralda en s’arrêtant sur une page.

– Trouver quoi?

– « Sortilège pour attirer le Karma bienfaisant sur un individu ».

– Sortilège ? Tu veux me jeter un sort ?, demande Simon en esquissant un sourire.

– Pourquoi pas? Tu disais que tu en avais marre d’être malchanceux. Un peu de sorcellerie peut peut-être changer les choses.

Simon secoue légèrement la tête.

– Ne le prends pas mal, mais je ne suis pas trop… Je ne crois pas vraiment à tout ça.

– Je ne te demande pas de croire en la sorcellerie. Je te demande seulement de me faire confiance. Et puis, au point où tu en es. Aux grands maux, les grands remèdes.

Simon soupire.

– Oui. Au point où j’en suis. Pourquoi pas? Qu’est-ce que je dois faire?

Esméralda se relève.

– Debout!, ordonne Esméralda.

– Oui, madame.

Esméralda guide Simon vers le milieu du salon.

– OK. Tu te mets ici. Tu restes bien droit. Et, tu respires calmement.

– D’accord.

– Le plus important, Simon, c’est la confiance.

– D’accord.

– Tu dois me faire confiance.

– D’accord.

Esméralda parcourt son livre.

– Est-ce que tu es prêt ?, demande-t-elle.

– Oui. Enfin, je crois.

– Relax, ça ne fait pas mal.

– La dernière fois que tu as dit ça, tu m’as brûlé les cheveux.

Esméralda donne un coup sur l’épaule de Simon.

– C’était un accident ! Et je t’avais dit de ne pas bouger.

Simon se frotte l’épaule.

– Tiens, tu vois. On n’a même commencé que j’ai déjà mal.

– Simon, tu veux que je t’aide ou pas?

– Désolé. Je me tais.

Esméralda place sa main devant le visage de Simon. Elle respire profondément. Elle ferme les yeux.

Simon ne peut s’empêcher d’émettre un petit ricanement.

– Simon !

– Désolé. Désolé. Sincèrement.

Esméralda fixe Simon.

– Et… je ne ferrai plus de bêtise. Promis.

– Tu as intérêt. Maintenant, tu te tais et tu fermes les yeux.

– D’accord.

Simon se ressaisit. Esméralda prend une grande respiration. Puis avec un ton solennel.

– In nomine Khon Kheu Daï Boon Di Aktua Knocktacook Ticock Mi Boon Diao Ni!

Un silence.

Esméralda rouvre les yeux.

– C’est fait, dit-elle.

– C’est fait ?

– C’est fait.

– C’est tout ?

– C’est tout.

Simon regarde autour de lui.

– Ben, je m’attendais à voir des éclaires. Entendre le tonnerre. Je sais pas. Un peu plus d’effets spéciaux, quoi.

Esmaralda referme son grimoire en souriant.

– Cela n’arrive que dans les films, Simon.

– Et comment ça se passe ? Quand est-ce que les effets prennent… effet ?

– Généralement, les effets sont immédiats. Le plus important est que tu dois croire que les choses vont changer pour le meilleur. Compris ?

– Compris.

– Il faut vraiment y croire.

– D’accord.

Esméralda reste silencieuse.

– Je te le promets, Esméralda.

– Très bien.

Esméralda se tourne vers le tas de cartons.

– Par contre, il n’existe pas encore de formules magiques pour ranger mes affaires.

Le jeune couple éclate de rire et reprend le travail.

Dans la rue, en fin d’après-midi…

Esméralda ferme les portières arrière de la camionnette.

– Voilà, une chose de faite, dit Esméralda.

Esméralda et Simon se tapent fièrement la main.

– Alors, comme ça, tu m’abandonnes pour l’Allemagne sous prétexte que Mademoiselle a trouvé un rôle dans une série. D’ailleurs, c’est quelle série ?

– « Die Kriegerischen vom Unbekannten » en Français « Les Guerriers de l’inconnu ».

– Ah, oui. « Die Kriegerischen fon machin ». Je me souviens, maintenant. Une série d’espionnage, c’est ça ?

Un grand sourire se dessine sur le visage d’Esméralda.

– Ouiiii ! Je joue le rôle d’agent spécial Déborah Krieg. Je suis vraiment excitée. Je vais bien m’amuser. Tu te rends compte ? Mon premier grand rôle.

– Tu l’as bien mérité. Cela va taire pas mal de monde, qui disait que tu n’y arriverais pas. J’espère seulement qu’une fois que tu travailleras avec les célébrités d’Hollywood, tu ne m’oublieras pas.

– Comment je pourrais t’oublier ?

Le couple s’échange un sourire tendre. Seulement interrompu par des grondements d’un moteur qui démarre. De l’autre côté de la rue, des techniciens sont en train de faire descendre un bulldozer d’une remorque.

– Pourquoi il y a autant de camions et de bulldozers ?

– Ils vont détruire tous les appartements dans les prochains jours. Ils vont tout raser pour construire un centre commercial. Un groupe chinois ou japonais a racheté tout le quartier, je crois.

– C’était une bonne idée de déménager, alors.

– Oui, la série tombait à point. Sinon je serais devenue une SDF.

– Mais non, je t’aurais prise.

Esméralda fixe Simon, ne sachant quoi dire. Simon comprend le malaise.

– Chez moi. Je t’aurai prise chez moi. Je t’aurais laissée dormir chez moi. C’est ce que je voulais dire. En attendant de trouver un autre appartement.

Esméralda sourit.

– Tu vas me manquer, dit-elle d’une voix douce.

– Tu vas me manquer plus.

Simon et Esméralda se regardent silencieusement. Chacun attendant quelque chose de l’autre.

– Remarque, Bladen-Braden n’est pas si loin que ça.

– C’est Baden-Baden, truc muche! D’ailleurs, je ferrai mieux d’y aller, sinon je ne serai jamais prête pour les répétitions de lundi.

Esméralda démarre le véhicule. Elle tend un papier à Simon.

– Mon numéro fixe, ainsi que le portable. Ma nouvelle adresse. Et, l’adresse e-mail. Voilà, si, avec ça, tu ne donnes pas de nouvelles, je te tue.

– D’accord, garder contact avec toi sous peine de mort atroce. J’ai compris.

Simon range le papier.

– Tu fais attention à toi, OK?, dit-il.

– Et toi, ne fais pas trop de bêtises.

– Oh, tu sais. Je n’ai pas vraiment besoin de faire de bêtises. Elles me tombent dessus naturellement.

– Plus maintenant, dit-elle en souriant.

Esméralda pause sa main sur le visage de Simon. Simon sourit, puis ferme la portière. Simon regarde la camionnette partir.

Au garage, plus tard dans la journée…

Un petit garage de quartier. Simon discute avec le garagiste en face de sa New Beatle.

– Vous avez de la chance, dit le garagiste. C’était rien de grave. Un fil mal branché.

– Donc, ça ne devrait pas me coûter trop cher, n’est-ce pas ?

– Normalement, je devrais vous charger la main d’oeuvre de…

Le garagiste regarde son poignet dépourvu de montre.

– Dix-neuf secondes. Mais, si vous m’offrez une bière, je vous le fais gratos.

Simon esquisse un sourire.

– Ce sera avec grand plaisir.

Simon lui serre la main. Le garagiste lui donne les clefs.

À côté de Simon, un autre client, Martin, discute avec un mécano.

– Plus de trois mille euros de réparation ?!, s’écrit Martin. Mais tout ce que je voulais c’était un changement d’huile!

– Oh, là, Monsieur, répond le mécano. Nous avons trouvé des choses pas très « cathodiques » dans votre machine. Venez avec moi parce que vous aurez besoin de vous asseoir. Tout d’abord…

Le mécanicien se lance à une explication très colorée.

Simon quitte le garage dans sa voiture, le sourire au visage.

Chapitre 3

La salle de conférence…

Simon se retrouve face à une pièce vide, seulement décorée par une grande table circulaire entourée de chaises.

Simon se tourne vers Stéphanie, qui le rejoint timidement.

– Où est Mr Marshall ?, demande Simon.

– C’est ce que j’ai essayé de vous dire, Mr Leukis. Mr Marshall a perdu patience. Lui et son associé ont décidé de partir.

C’est à ce moment que…

– Simon, vous êtes enfin arrivé, constate une voix.

Le sang de Simon se glace en entendant cette voix. Une voix sereine et autoritaire à la fois. La voix de Hong, son supérieur.

Simon se tourne pour découvrir Hong se tenant à la porte. C’est un petit homme d’origine asiatique. Visiblement plus jeune que Simon. Habillé d’un complet-veston de 3000 euros. Des petits yeux cachés derrière des petites lunettes. Un sourire permanent sur son visage.

Hong s’avance d’un pas sûr. Il se tourne légèrement vers Stéphanie.

– Bonjour, Stéphanie. Comment allez-vous ?

– Très bien, Mr Hong, murmure-t-elle nerveusement.

– Comment va votre mère. Est-elle sortie de l’hôpital?

– Oui, Mr Hong. Elle est chez elle en ce moment.

– Bien. Pourriez-vous nous laisser un moment, SVP.

Stéphanie hoche de la tête et se dirige rapidement la pièce. Eelle n’ose pas se retourner. Elle sait que lorsque Hong veut s’entretenir personnellement avec quelqu’un, ce n’est pas pour le féliciter.

Hong attend que la porte soit complètement fermée pour se tourner vers Simon.

– Auriez-vous l’amabilité de m’accorder un entretien, Simon.

– Oui, bien sûr, Mr Hong, répond Simon avec une voix d’enfant.

Hong tire une chaise. D’un signe de la main, il invite Simon à s’asseoir. Simon s’exécute timidement.

Hong se dirige vers la fenêtre. Il admire la vue de la ville pendant d’interminables secondes. Son regard se fixe sur la Tour Eiffel.

– Elle est splendide, n’est pas? Je me souviens la première fois que je l’ai vue. J’avais à peine 17 ans. Je suis resté trois heures à admirer la tour Eiffel. Trois heures dans le froid de l’hiver. Mais elle était tellement belle. C’est là que j’ai compris que la France avait les meilleurs talents du monde. Et c’est aussi la raison pour laquelle l’entreprise de mon père s’est implantée ici.

Simon l’écoute silencieusement.

– Notre compagnie fait partie des meilleurs fournisseurs de solutions informatiques au monde, continue-t-il. Et savez-vous pourquoi nous sommes les meilleurs, Simon?

Simon n’ose pas répondre, car ce n’était pas une question. Hong se tourne vers Simon.

– Parce que nous avons la chance d’avoir les meilleurs collaborateurs au monde.

Hong s’approche doucement.

– Cependant, il peut arriver que des collègues aient besoin de temps en temps d’être… Mieux épaulés. Ils ont besoin d’être plus encouragés à fournir le meilleur d’eux-mêmes. Et nous sommes prêts à les soutenir dans ces moments difficiles. À les aider. À les conseiller, de manière à ce qu’ils être suffisamment motivés pour rebondir et refaire partie de l’équipe de meilleurs. L’équipe des « Winners ».

Hong vient s’asseoir sur le bord de la table de telle sorte qu’il soit haut placé, forçant Simon à lever la tête pour le voir.

– C’est pour cette raison que j’ai tenu à avoir cette réunion avec vous, Simon. Je crois en votre potentiel. Je sais que vous êtes un Winner. Êtes-vous un Winner, Simon?

– Euh… Oui, je crois.

Hong esquisse un sourire.

– C’est ce que j’ai vu lors de votre entretien d’embauche.

– Alors, vous ne m’en voulez pas d’avoir perdu le contrat Marshall, Mr Hong?

Hong se relève en ajustant sa veste.

– Forte heureusement, nous ne l’avons pas perdu. Et nous devons tous remercier James pour sa réactivité.

Simon a le plus grand mal au monde à garder un visage impassible.

– Je vais vous confier un petit aveu, Simon. Je n’aime pas être porteur de mauvaises nouvelles. C’est la raison pour laquelle je veux que vous interprétiez ce que je vais dire comme une… heureuse nouvelle. Pour vous. Je vais vous donner encore une semaine. Pour montrer à la compagnie, et surtout pour vous même que vous êtes toujours un battant. Utilisez à fond ces prochains jours pour rapporter de nouveaux contrats.

– Et, si… j’échoue?

Hong pose sa main sur l’épaule de Simon.

– Sincèrement, je sais que vous n’allez pas échouer. Mais si cela devait se produire…

Hong marque une pose.

– Si cela devait se produire, je serais dans la regrettable obligation de vous inviter à trouver une meilleure opportunité au sein d’une nouvelle entreprise.

Hong fixe Simon. Le regard de Hong est tellement intense que Simon n’ose pas lever ses yeux. Hong sourit de nouveau.

– Mais j’ai confiance en vous, Simon. Vous êtes un Winner!

Hong se dirige vers la sortie.

– N’oubliez pas, Simon. Vous êtes un Winner.

– Winner. Je suis un Winner. Un Winner. Je suis un…

Hong disparait en fermant la porte.

– Winner.

Simon souffle un grand coup. Il est encore en vie.

La porte s’ouvre de nouveau. Simon bondit aussitôt de sa chaise.

Hong est revenu ? Non, c’est James.

– L’entretien s’est bien passé ?, demande James avec un soupçon de condescendance.

– Tu as volé mon contrat ?, balance Simon.

– Voler ? Voler ton contrat? Ben, ça, c’est la meilleure ! Est-ce que j’ai besoin de te rappeler que c’est TOI, qui a mis en boule Marshall, en arrivant en retard. Il a fallu sortir une interprétation digne d’un César pour convaincre le bonhomme de rester avec nous. En fait, tu devrais même me remercier pour ça.

– Te remercier ? Pour m’avoir piqué ma commission ? C’est ça ?

– Hong est un type sympa. Mais imagine comment il aurait pris la chose si par ton incompétence, la boîte ait perdu un contrat de trois millions d’euros ?

Simon ne peut rien dire. James a marqué un point et il le sait.

– Faut voir la réalité en face, Simon. T’es pas fait pour ce métier.

James s’en va, satisfait. Puis se retourne.

– Je tiens quand même à te remercier. Grâce à toi, je pourrai me payer le premier quart de mon voilier. Encore quelques contrats comme ça et je pourrai prendre des vacances et faire le tour du monde avec. Donc, rends-moi un service. Continue à te réveiller en retard, OK ?

James quitte la salle de conférence.

Un sentiment d’amertume et d’impuissance parcourt le corps de Simon. Simon finit par s’effondrer sur sa chaise.

La porte s’ouvre de nouveau.

– OK, James. T’en n’as pas marre de venir me narguer ?!

– Relaxe, vieux. C’est moi.

Simon réalise que c’est Laurent Martin, un collègue et ami, qui est entré.

– Oh, excuse-moi. Je pensais que c’était ce connard de James.

– J’ai vu ton petit ami sortir. C’est pas possible d’avoir un balai aussi enfoncé dans son cul.

Laurent vient s’asseoir à côté de Simon.

– J’ai pas assuré, putain, soupire Simon.

– C’est pas si grave que ça. Ce n’est juste qu’un contrat. T’en trouveras d’autres.

– Ouais, c’est facile pour toi de dire ça. Je suis dans la merde, Laurent. Dans une grosse bouillabaisse de merdes.

– À ce point-là ?

– Hong m’a dit que j’avais une semaine. Une semaine pour trouver un autre contrat. Sinon, faudra que je me pointe à l’ANPE.

Laurent se rapproche de Simon.

– Je te connais depuis le lycée. Et je ne t’ai jamais vu abandonner. Sauf la fois où tu voulais sortir avec Sarah, la blonde aux gros seins. Faut dire que son frangin te menaçait de te briser le cou. Sinon, à par ça, tu n’as jamais abandonné sur quoi que ce soit.

Simon esquisse un sourire.

– Je suis sorti avec elle.

– Sans déconner, c’est vrai ?

– Ouais. Mais j’ai été parano durant les trois mois où on est resté ensemble.

– Tu vois. Tu ne laisses jamais rien tomber. Et ce n’est pas maintenant que tu vas commencer.

Simon reste silencieux.

– Écoute, reprit Laurent. Si tu veux, je peux te filer ma liste de prospects. Certains sont des cibles faciles.

– Non, merci. C’est gentil, mais je vais me débrouiller.

– T’es sûr?

– Oui, ne t’inquiète pas. Ça va aller.

– Certain?

– Oui, je te dis.

– 100%?

– Tu veux mon poing dans ta gueule ?!, s’écrit Simon avant d’éclater de rire avec Laurent.

– Ban, voilà! C’est comme ça que je veux te voir. Allez, va les faire jouir de plaisir avec ton speech commercial.

– Jouir de plaisir, hein ? Premièrement, je ne mélange pas le business et le plaisir Et deuxièmement, parfois tu me fais peur, tu sais ?

Les deux hommes éclatent de nouveau de rire.

Dans le bureau de Simon, dans la journée…

Simon a le téléphone collé à son oreille. Il fixe un bloc-note sur lequel se trouve une liste d’entreprises.

– Non, Mr Gordon. Notre entreprise n’offre pas de connexions Internet. Nous ne sommes pas un FAI. Nous offrons des solutions informatiques pour la gestion et la sécurisation des réseaux d’entreprise. Ainsi, vous avez la possibilité de…

Plus tard…

Simon barre le nom d’une entreprise. Il compose un autre numéro.

– Allô. Puis-je parler avec Mr Kartman, S.V.P. ? Pardon? C’est Mr Calman? Ah, d’accord. Mr Calman, Simon Leukis de… allô ? Mr Calm… Allô?

Simon barre de nouveau le nom d’une autre entreprise.

Encore plus tard…

Plusieurs noms d’entreprises sont maintenant barrés.

– Et, c’est ainsi que vous avez la garantie que nos produits répondront parfaitement à vos besoins. Grâce à un nouveau réseau, vous avez la possibilité de… Excusez-moi? Vous n’utilisez qu’un seul ordinateur? Ah, d’accord.

Encore plus tard…

La liste de noms d’entreprises est presque entièrement barrée.

– Mr. Ottomo. J’aimerais parler avec Mr. Ottomo, SVP. Non, non, je disais que je désirais avoir un entretien avec… Do you speak English? English, OK? Good.

Encore plus tard…

– Si vous le voulez bien, nous pourrions nous rencontrer pour une meilleure présentation de nos produits. Ce jeudi ou vendredi, ça vous va?… Alors lundi prochain, peut-être?… Mardi matin? Non?… Mercredi après-midi? Pas possible non plus? Pourquoi pas jeudi midi?…

Encore plus tard…

Simon raccroche violemment le combiné téléphonique. Il prend son stylo et barre le dernier nom de sa liste. Il soupire un grand coup. Puis, jette tout par-dessus son bureau. Il s’écroule sur sa chaise les mains sur son visage.

La journée a été dure.

Dans la salle de pause…

Simon tient un gobelet en plastique devant la machine à café. Son regard est fixé droit devant lui. Le corps immobile. Comme une statue. Sans vie. Une collègue lui parle de sa journée. Mais il ne fait pas attention. Il n’entend pas. Son esprit est ailleurs.

Dans la rue…

Simon a la même expression de vide absolu que dans la salle de pause. En face de lui, une dépanneuse s’en va avec sa voiture.

Dans le métro, le soir venu…

Simon a toujours cette expression de néant total. Il se trouve au milieu des autres passagers.

Dans l’appartement de Simon…

La porte s’ouvre. Simon se dirige machinalement vers le salon. Il traîne des pieds. Il laisse tomber ses clefs sur le plancher. La mallette subit le même sort. Ainsi que sa veste. Sa cravate. Sa chemise.

Simon se laisse tomber sur le divan. La tête enfoncée dans un coussin.

Le téléphone se met à sonner.

Simon ne réagit pas. La sonnerie devient de plus en plus présente. Mais toujours pas de réaction de la part de Simon.

Puis le répondeur se met en marche. « Vous êtes bien chez Simon Leukis. Je ne peux malheureusement être joignable en ce moment. Laissez votre message et vos coordonnées au « Bip » sonore. Je vous rappellerai dès que possible. »

La voix d’une femme se fait entendre.

– Hé, Tigrou. Je te téléphone pour te rappeler que tu dois m’aider demain pour le déménagement.

Simon relève aussitôt la tête.

– Esméralda!, s’écrit.

Il se précipite pour aller décrocher.

– Allô, Esméralda?

– Tigrou ! Ah, je savais bien que tu devais être rentré. J’espère que tu n’as pas oublié pour demain.

– Non, non. Bien sûr que non. Je n’ai pas oublié.

Une expression de “Merde ! Mais de quoi elle parle ?” s’affiche sur le visage de Simon.

Simon regarde rapidement autour de lui. Il l’avait mis quelque part près du téléphone. Simon fouille les coussins. Il regarde en dessous de la table où se repose le téléphone. Puis, il trouve finalement un post-it au pied du divan.

– “Esméralda, déménagement, demain matin, neuf heures”. Tu vois que je n’ai pas oublié.

– Très bien. Ça fait plaisir de savoir que tu as pensé à moi. Comment a été la journée?

Le visage de Simon s’assombrit.

– Oh, sur une échelle de un à dix, ce serait moins vingt-quatre.

– Qu’est-ce qui s’est passé?

– J’ai pas trop envie d’en parler.

– Simon, tu sais que tu peux tout me dire.

– Je sais, mais…

Simon soupire un grand coup.

– Mais, continue-t-il, j’ai vraiment pas envie de t’embêter avec ça.

– Simon, soit tu m’embêtes avec ça, soit je raccroche, je traverse la ville et je viens te botter les fesses.

Simon esquisse un sourire. La seule bonne nouvelle de la journée.

Chapitre 2

Le rêve…

Simon est sur son lieu de travail. Il est entouré par ses collègues. Ils applaudissent tous, un énorme sourire sur leur visage. Partout où Simon porte son regard, il ne voit que ses collègues en train d’applaudir. Toute l’attention est portée sur Simon. Il traverse les bureaux comme s’il était le maître des lieux. Les collègues viennent chacun leur tour congratuler Simon. Il est aux anges. Lorsque…

Plus rien. Plus un bruit.

Simon réalise qu’il est tout seul. Tout le monde a disparu. Simon vérifie les bureaux. Il n’y a personne. Pas âme qui vive.

Simon respire de plus en plus fortement. Une goutte de sueur coule sur sa joue. Il panique. Puis…

Dans la chambre de Simon, au matin…

Simon se réveille brusquement, le visage couvert de sueur. Il scrute la pièce dans laquelle il se trouve. Il est sur son lit, dans sa chambre, dans son appartement. Il fait jour.

Soudain, Simon réalise quelque chose. Il se tourne vers le réveil. Aussitôt, ses yeux sortent de leur orbite.

– Et merde !

Simon bondit hors de son lit. Il attrape la chemise qui était accrochée à une chaise. La met rapidement. Puis… Crack! Elle se déchire.

– Et merdeux !

Simon ouvre son armoire. Pas de chemise. Il fouille dans le tas de vêtements qui se trouve au pied du lit. Il en trouve une. Elle n’est pas repassée. Pas grave. Elle ferra l’affaire.

Simon finit de s’habiller, puis quitte la pièce. Simon court vers la porte d’entrée et sort de son appartement.

La porte n’a pas le temps de se fermer qu’il rentre de nouveau. Il se précipite dans sa chambre.

Il revient quelques secondes plus tard avec une mallette à la main. Il s’en va finalement.

Devant l’appartement de Simon…

Simon jongle entre nouer sa cravate, garder son équilibre et regarder devant lui. Un exploit difficile, mais il réussit finalement.

Simon saute dans sa New Beatle verte. Et la démarre.

La voiture sort de sa place de parking lorsqu’un klaxon se fait entendre. Simon enfonce la pédale de frein. La New Beatle s’arrête in entremis au moment où une camionnette passe.

– Regarde la route, hé, connard !, crie le conducteur de la camionnette.

– Désolé !, répond timidement Simon.

Simon reprend se respiration. Il regarde derrière lui puis s’engage dans la circulation.

Au feu rouge…

Simon s’arrête devant le feu rouge. Il attrape son téléphone portable lorsque celui-ci se met à sonner.

– Allô ?, répond-il.

C’est Stéphanie, sa secrétaire.

– Mr Leukis ? Mais où êtes-vous ? Mr Marshall et son associé sont ici. Cela fait plus de dix minutes qu’ils attendent.

– Je sais. Je sais. Dites-leur de patienter une toute petite minute. Je suis sur la route. J’arrive tout de suite.

Au bureau…

Stéphanie a le combiné téléphonique collé à son oreille. Depuis son bureau, elle peut voir Mr Marshall et son associé dans la salle de conférence.

– Dépêchez-vous, Mr Leukis. Je ne sais pas combien de temps je pourrai les faire attendre.

Dans la voiture…

– Faites de votre mieux, Stéphanie. Je compte sur vous.

Simon raccroche. Le feu est toujours rouge.

– Allez. Allez. Allez ! Dépêche-toi, bordel de merde !

Le feu passe finalement au vert.

Simon embraye. Puis… le moteur s’arrête !

– Non, non, non ! NON ! Ne me fais pas ça. Ne me fait pas ça !

Simon tente désespérément de redémarrer la voiture. Mais rien n’y fait. Le moteur se contente de tousser avant de se taire.

– Putain, c’est pas vrai !, crie-t-il en donnant des coups au volant.

Puis… Boom ! L’airbag s’est déclenché et assomme net le pauvre Simon.

Peu de temps après…

Simon pousse sa voiture sur le côté. Il est aidé par deux passants.

– Encore un peu. Voilà. Juste encore un peu. Parfait! Merci. Merci, Messieurs, dit-Simon en secouant énergiquement la main des deux passants.

Simon fait des signes aux taxis qui passent… mais ne s’arrêtent pas.

– C’est pas vrai ! C’est ma tournée, ou quoi ?

Simon regarde sa montre, puis attrape sa mallette et part en courant. Il s’arrête au bout de quelques pas. Revient à la voiture. La ferme à clef et repart aussitôt.

À l’entrée du métro…

Simon s’arrête devant l’escalier du métro. Il reprend sa respiration pendant quelques secondes. Il est bien essoufflé. Il finit par descendre l’escalier.

Dans les couloirs du métro…

Simon court à perte haleine. Il aperçoit une carte de métro. Il l’étudie. Mais il n’a pas l’air de comprendre. Puis abandonne finalement. Il disparaît dans un couloir.

Simon continue sa course. Il jette un oeil sur la montre. Pendant cette fraction de seconde, il ne voit pas les deux hommes qui se trouvent sur son chemin. Et…

Boom! Simon les percute de plein fouet. Tout le monde se retrouve au sol.

Simon reprend ses esprits. Entre deux respirations, il découvre les personnes qu’il a bousculées. Un gros gars ressemblant à un garde du corps, mais portant des habits de rappeur. Et un petit, aussi bien en hauteur que largeur, mais ayant un regard bien mesquin.

– Hé ! Faut apprendre à regarder où on va, là !, crie le gros.

– Excusez-moi. Je ne vous avais pas vu, dit Simon reprenant ses esprits.

– Ouais, ben, on a bien vu que tu nous avais pas vus, Connard!, ajoute le petit gars en se relevant.

– Je suis sincèrement désolé, se contente de dire Simon.

Le petit mesquin ramasse la mallette de Simon.

– Hé, mais elle est vachement jolie ta valise, dit-il.

– Merci, mais… est-ce que je pourrai la récupérer, parce que…

– Tu nous fonces dedans. Et tu nous donnes des ordres maintenant ?, ajoute le gros. Qu’est-ce qu’y a dans la valise ? Y’a des trucs intéressant dans la valise ?

Simon a les jambes qui tremblent de plus en plus.

– Non, seulement des papiers. Rien d’autre. Je peux la reprendre maintenant?

Soudain, le gros pousse Simon si fortement qu’il retombe par terre. Les deux individus en profitent pour s’enfuir en courant.

– Ma mallette ! Il m’ont volé ma mallette ! Aux voleurs!, crie désespérément Simon.

Simon se relève et se met à leur poursuite. Mais les hommes ont déjà disparu dans la foule.

Simon arrive au quai. Il reprend son souffle. Regarde autour de lui. Les voleurs ont définitivement disparu.

Le métro vient s’arrêter devant Simon. Il se contente d’entrer dans le wagon.

La sortie du métro, plus tard…

Simon remonte les escaliers du métro comme un kangourou le portable à la main.

– Allô, Stéphanie? Pouvez-vous imprimer un nouvel exemplaire du contrat? Je suis au bureau dans une minute.

– Mr Leukis, je dois vous dire…

– Vous me le direz lorsque je serai au bureau.

– Mr Leukis…

– A tout de suite, Stéphanie.

– Mr Leukis…

Simon a raccroché.

Au Bureau, peu de temps après…

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Simon bondit hors de la cabine. Lorsqu’il s’arrête devant… James Blaire, un collègue de travail.

James fixe Simon avec un grand sourire sur son visage.

– Et bien, voilà notre héros, commence James en prenant une petite gorgée de café.

– Une autre fois, souffle Simon. Je n’ai pas le temps de m’embrouiller avec toi.

Simon continue son chemin.

Il rejoint Stéphanie. Elle vient juste de finir d’imprimer des documents.

– Bonjour, Stéphanie. C’est le contrat ?, demande Simon.

– Oui, Mr Leukis, dit-elle en lui tendant les papiers. Mais je dois vous dire que…

Simon prend les papiers des mains de Stéphanie.

– Merci, Stéphanie, coupe Simon. Qu’est-ce que je ferrai sans vous. Ma cravate est bien mise ?

Stéphanie ajuste la cravate avant d’ajouter…

– Voilà, mais il faut que vous sachiez que…

– Vous êtes un amour. Je vous marierais si vous ne l’étiez pas déjà.

Simon ne l’écoute pas. Il étudie les feuilles tout en se dirigeant vers la salle de conférence…

Chapitre 1

Le vol CC-112, dans la journée…

L’avion se remplit peu à peu. Les passagers du vol CC-112 commencent à s’installer tranquillement.

Une jolie hôtesse de l’air indique le chemin à un jeune couple. Une mère ordonne sèchement à ses enfants de ne pas courir dans tous les sens. Un homme d’affaires, visiblement agacé par les enfants turbulents, essaie de se concentrer sur ce qu’il tapait sur son ordinateur portable. Une femme rassure son compagnon accroché à son siège, le visage dégoulinant de sueur. Un autre passager est en train de ronfler paisiblement. Sa voisine ne cache pas son agacement.

Parmi les passagers recherchant leur siège, il y a Mme Blanchard, la soixantaine d’années. Elle est le sosie parfait de la reine d’Angleterre, au niveau de la prestance, de sa coiffure et de sa tenue vestimentaire. La grande différence est que Mme Blanchard a un visage beaucoup plus accueillant. Son regard rassurant faisait d’elle une grand-mère idéale.

Mme Blanchard scrute les numéros des sièges en comparant avec son billet d’avion.

– 27-E. 28-E. 29-E. Ah ! C’est ici que je m’assois, se dit-elle.

Mme Blanchard s’installe confortablement. Elle met sa ceinture de sécurité. Elle place son sac à main sur ses genoux. Elle sort un livre de poche, ainsi qu’une petite paire de lunettes, la place sur son nez, l’ajuste un peu, et se plonge dans sa lecture. Mais son attention est peu à peu portée vers son voisin.

Mme Blanchard découvre Simon Leukis, 25 ans, affalé sur son siège. D’une carrure assez maigre, en tenue veston cravate grise, il a l’air de s’être juste levé après une longue nuit passée à faire la fête. Mal rasé, mal coiffé, mal habillé, bref, mal réveillé. Les cernes sous les yeux. Le regard perdu dans le vide.

Mme Blanchard observe silencieusement le jeune homme. Puis, réalisant qu’il ne réagit pas à ce qui se passe autour de lui, elle décide d’entamer une conversation.

– Je prends l’avion plusieurs fois dans l’année. Mais à chaque fois, je suis toujours aussi nerveuse. Je ne peux pas m’en empêcher. J’ai simplement peur de l’avion.

Simon ne bronche pas d’un poil.

– Je suis bien obligé de voler, continue-t-elle. C’est le seul moyen de voir mes petits-enfants. Je n’ai pas de permis. Je n’ai personne pour m’emmener en Allemagne. Et le train me rend malade. Vous allez penser que je suis difficile !

Mme Blanchard finit par un petit rire de grand-mère.

Le jeune homme se tourne finalement vers elle.

– Vous n’avez aucune raison d’avoir peur de ce vol, Madame. Je peux vous garantir que l’avion arrivera à bon port, affirme Simon avec un étrange air déçu.

– J’aimerais avoir votre assurance. J’utilise une méthode infaillible pour éliminer mon stress. Je lit souvent durant le vol. J’emporte aussi avec moi des jeux. Des mots croisés, des casse-tête, et même…

Mme Blanchard fouille dans son sac à main. Elle sort…

-… Des tickets à gratter !, annonce-t-elle fièrement.

Le jeune homme esquissa un sourire à la vu des billets de Tac O Tac.

Mme Blanchard utilise une pièce de monnaie pour gratter. Le résultat s’affiche, et…

– Doux Jésus, Marie, Josèphe ! J’ai gagné ! Regardez !, s’exclame-t-elle en plaçant le ticket à deux centimètres du nez de Simon. 10 euros ! C’est la première fois que je gagne autant. C’est peut-être mon jour de chance.

Le visage du jeune homme s’assombrit en entendant la fin de la phrase.

Mme Blanchard ne manque pas de remarquer ce changement d’expression. Elle lui tend gentiment un autre ticket de Tac O Tac.

– Il semblerait que vous ayez besoin d’un peu de chance dans votre vie, dit-elle en souriant.

– Un peu de chance ?, soupire Simon.

Il finit par prendre le ticket. Le fixe. Impassible. Mme Blanchard lui tend une pièce. Il la prend et commence à gratter.

Mme Blanchard a les yeux rivés sur la case des résultats, qui se révèle peu à peu. Son visage s’illumine en découvrant trois images représentant lune TV.

– Mon Dieu, c’est incroyable ! Vous rendez-vous compte ce que cela signifie?, demande Mme Blanchard, toute excitée.

– Que c’est un ticket gagnant ?

– Mieux que cela, mon cher ami. Vous pouvez gagner jusqu’à deux mille d’euros à vie en jouant à la TV. C’est-à-dire que tous les mois, vous allez recevoir deux mille euros jusqu’à la fin de vos jours.

– Génial, se dit Simon, peu enthousiaste. Tenez.

Le jeune homme tend le ticket gagnant à Mme Blanchard.

– Ce ticket vous appartient, continue-t-il.

Mme Blanchard a le souffle coupé.

– Mais, Monsieur…

– Simon.

– Mr Simon, je ne…

– Non, Simon est mon prénom. Simon Leukis. Appelez-moi Simon.

– Simon, je ne sais que dire. Ce ticket est à vous. Je vous l’ai donné.

– Je pense que vous ferrez un meilleur usage des gains. Les petits enfants adorent que leur grand-mère leur apporte des cadeaux.

– Je vous remercie infiniment, Simon.

– Tout le plaisir est pour moi, dit-il en regardant autour de lui.

– Vous recherchez quelque chose, Simon ?

Simon ne fait pas attention à Mme Blanchard. Il inspecte les passagers du regard.

Lorsqu’un bruit attire l’attention de tout le monde.

Un passager, un bonhomme assez large, se tord de douleur en suffoquant.

– Chéri. Chéri! Mais qu’est-ce que tu as ?, crie sa compagne hystérique. À l’aide! Au secours!

Simon bondit de son siège. Bouscule légèrement Mme Blanchard.

– Excusez-moi, Madame.

Simon se précipite vers le malheureux. Il découvre un morceau de sandwich sur le sol.

– Il a avalé de travers !, affirme Simon.

Aussitôt, Simon applique la méthode de sauvetage de Heimlich. Simon se place derrière l’homme, positionne péniblement ses bras autour de lui. Décidément, le bonhomme est bien plus gros que Simon ne l’aurait pensé. En utilisant toute sa force, Simon tire l’homme vers lui plusieurs fois.

Au bout du troisième coup, l’homme recrache le morceau de sandwich. Il est sauvé. Tout le monde reprend sa respiration. Surtout le rescapé. Il tombe à genou. Sa femme se précipite pour le prendre dans ses bras.

– Bébé, j’ai eu tellement peur. Tu vas bien?

– Oui, je crois, répond l’homme en reprenant son souffle. Tu me sers trop fort, Chéri.

L’homme se tourne vers Simon.

– Merci, Monsieur. Merci beaucoup, dit-il essoufflé.

– Pas de quoi.

Des infirmières arrivent pour s’occuper du bonhomme. Rassuré, Simon regagne sa place.

Mme Blanchard est toute choquée par ce qui vient de se passer.

– Heureusement que vous étiez là. Il aurait pu mourir le pauvre. Mon Dieu, mourir à cause d’un morceau de pain. Quelle malchance cela aurait été.

– Cela ne m’aurait pas dérangé, moi. La malchance, se dit Simon en finissant de s’installer.

– Quel étrange souhait, remarque Mme Blanchard.

Simon réalise qu’il a parlé trop fort.

– C’est une longue histoire, Madame.

Mme Blanchard fixe Simon. Ce dernier se rend compte que sa voisine veut en savoir plus.

– Je ne voudrais pas vous ennuyer.

– Oh, mais pas du tout. De plus, j’aime discuter durant le trajet. Le temps passe plus rapidement et j’en oublie même ma peur de voler.

– C’est une histoire difficile à croire.

– C’est une bonne chose, car j’aime les histoires incroyables.

Simon esquisse un sourire.

– Alors, vous ne serez pas déçue.

Simon prend une grande respiration.

– Tout a commencé, continue-t-il, par un… par un rêve.